zofia beszczyńska

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voyages

mes festivales de poésie

 

Struga, Macédoine (2003)

      fot. Rajeevan Thachom Poyil

 

tu es ce qui m'est arrivé
de mieux dans la vie
une partie de traîneau à minuit
le corps lisse du matin

tes lèvres habitent dans les fougères
ton coeur de pierre
déchire la peau de la forêt

moi arbre je traverse un lit de mousses
en soulevant doucement mes racines

traduction de Barbara Pacary
révision de Catherine Ferrero

 

Calicut, Inde (2007)

fot. Salomat Vafo


l'air devient transparent. Les hommes
deviennent transparents
avant de s'envoler.
À New York il fait chaud. À Varsovie
explosion de l'été indien. À Calicut plages vides.
Au Moulin de Lauray les chats chassent des pommes.
Au-dessus de Hanovre la Lune bien nette.
Et Cracovie se cache derrière les lunettes
de pluie ; (comme Lvov) dans l'odeur
des pipes d'eau. Sans crier gare
le Pays des Morts nous absorbe. Avec sa
lenteur sa douceur sa patience sans limites ;
indifférence à tout
ce qui n'est pas la vie ; n'est pas
juste une durée. Le plus facile
serait de se faire pousser des ailes s'envoler.
Ou se fondre dans le brouillard
dans les larmes (de l'amour du regret
de la perte du rêve) ; dans les ombres éclats
des bougies en flammes innombrables

tant que nous pouvons encore


(du livre Rêves d'amour et de mort)


traduction de Dorota Felman
révision de Catherine Ferrero

 

Granada, Nicaragua (2009) 

 

Je regrette celles qui sont passées, se sont dispersées sans laisser rien d’autre qu'une impression, une ombre,
une odeur.
Julianne d'ébène qui préfère être Juliette, avec ses belles dents blanches et ses cheveux qui tels que de petits
serpents à ressort sont prêts à bondir. Avec sa croupe saillante, une noix de coco rebelle, avec ses robes
à fleures éclatantes et avec ses turbans chamarrés. Avec tout ce qui la rend différente de moi.
Parfois nous perdons ce que nous n'avons jamais possédé, mais il nous reste le sentiment d'une perte, je pense.


(du cycle Noms)


traduction de l'auteur
révision de Dorota Felman

 

Paris, France (2009) 


je lis Paris comme un poème
où de nouveaux verses ne finissent pas d'apparaître
et des métaphores fleurissent
pour se diluer dans l'air serein
de l'automne

j'entre dans Paris comme dans un labyrinthe de signes
avec ses sentiers herbeux et sentiers lisses
la ville souterraine aux passages que se multiplient
et la ville aérienne aux corridors invisibles
où des trajets d'oiseaux se croisent
parmi de colonnes en pierre
et en lumière

je m'immerge dans Paris comme dans la nuit
sous la peau sombre d'un poème
sous le voile de mots scintillants
dans l'eau huileuse de la Seine
des mots qui se traversent
et puis s'évanouissent dans l'air

comme s'ils étaient des feuilles
juste avant de s'envoler de leurs arbres
quelque part je ne sais où

pour y construire un autre Paris
impénétrable et secret
sous la lune qui croît
au-dessus de la ville
du poème

 

traduction de l'auteur
révision de Barbara Grzegorzewska

 

mon Marathon du Conte

 

Quito, Équateur (2011)

    fot. Gaby Vallejo


Le matin c’est le printemps, en plein jour – l'été, le soir – l'automne
Et la nuit ?
La nuit viennent les Indiens.


traduction de l'auteur
révision de Gabriela Hałat

 

mes résidences littéraires

 

Visby, Suède (2003)

 

il s'est assis sur le rebord de ma fenêtre
sans se laisser toucher. Il s'est envolé vers un peuplier
et a crié comme un homme. Il avait des plumes de toutes
les couleurs d'automne. Les autres moineaux l'ont chassé.
Il ne s'est pas laissé attraper par les gens.
Il a sauté du sommet du peuplier en plein abîme
du ciel


(du livre L'île des lumières)


traduction de Dorota Felman
révision de Catherine Ferrero

 

Rhodes, Grèce (2004)

       fot. Barbara Grzegorzewska


j'ai ouvert la fenêtre j'ai laissé entrer
la mer dans la chambre : avec ses
ailes vertes ses
écailles de verre. Avec de si nombreux
cœurs de pierre. Des cailloux
se faufilent sous les ongles de mes pieds
se laissent pousser des racines : escargots
maladroits et durs. Est-ce
contagieux ? je me demande. Vais-je
devenir comme eux ?

et qui alors pourra me reconnaître

 

traduction de Dorota Felman
révision de Catherine Ferrero

 

Ventspils, Lettonie (2010)

fot. Imants Blūms

 

Miroirs et pierres ; la mer est un miroir et la Lune aussi ; la Lune est l'eau ; je pense à cela
en marchant sur le sable lisse, entre des chairs de méduses, ces pierres molles qui ont eu
le caprice de voyager. Jamais, n'enlève jamais les pierres de leurs contrées humides,
je le répète comme un mantra, jusqu'à ce qu’une d’entre elles cogne contre mon petit orteil
avec malice.
A-t-elle tombé de la Lune, ou quoi ?


(du cycle La Maison et des Miroirs)


traduction de l'auteur
révision de Dorota Felman

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